Course contre la montre en Ouzbekistan

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17/08/2016 – Je quitte Duchanbé, la capitale du Tajikistan et je franchis la frontière Ouzbek. Je ne me suis jamais senti autant sur la route de la Soie qu’en Ouzbekistan. Les mosquées et mausolées sont d’une beauté à couper le souffle et le reflet d’une prospérité commerciale et culturelle. J’avais demandé un visa de 15 jours en pensant obtenir l’autorisation de traverser le Turkmenistan. Malheureusement, je n’ai pas obtenu ce transit visa ce qui m’oblige à traverser l’Ouzbekistan du Sud au Nord, soit près de 1600km en 12 jours. Prêt à relever le challenge? 

Bienvenue en Ouzbekistan

L’Ouzbekistan est probablement le pays le moins apprécié par les pays voisins. Déjà au Kirghizstan, on m’avait annoncé la couleur et on m’avait fortement déconseiller d’aller visiter ce pays. Selon les Kirghizes, je n’échapperai pas aux rafales de kalash des Ouzbeks et je ne sortirai jamais vivant de ce pays !

En réalité, lorsque j’arrive à la frontière, je suis accueilli par des officiers Ouzbeks dont une femme d’origine russe. Surprenant pour un pays musulman, de donner un uniforme militaire à une femme et encore plus étonnant de voir une femme aux traits européens dans ce pays d’Asie Centrale.

Je suis bien accueilli, les officiers de la douane sont sympathiques, bavards et ne cachent pas leur amour pour la  France. Comme dans les autres pays d’Asie Centrale j’ai le droit à une énumération de tous les chanteurs des années 70-80 (Joe Dassin & Cie…). Malheureusement je n’en connait pas la moitié. Après avoir passé mon vélo et mes bagages au rayon X, ils me demandent de déposer tous mes bagages sur une table et de les ouvrir. Ils fouillent sur le dessus des sacs. Heureusement pour moi, seul quelques médicaments traînaient sur le dessus du sacs et rien d’interdit par la réglementation. S’ils avaient vu tous les médicaments restés au fond du sac, ils auraient surement pris la journée à vérifier chacun d’entre eux, leur composition et les ordonnances. Ils vérifient ensuite mon e-reader, mon ordinateur et mon téléphone pendant une bonne heure. Heureusement que je n’avais pas de photos privées ou interdites par le régime !

Au bout de 3 heures, me voilà enfin en Ouzbekistan. Juste avant de passer lafrontière, des paysans m’avaient offert des pastèques. Quelques kilomètres après la frontières, les ouzbeks m’offrent du raisin. En voyant que mes bouteilles d’eau sont brûlantes à cause du soleil, ils prennent l’initiative de les vider et de les remplir dans le ruisseau… L’eau est fraîche. Certes. Mais elle est tellement boueuse qu’on ne voit pas en transparence… Tentative d’empoisonnement ? Heureusement qu’une de mes bouteilles leur a échappée.

Première nuit en Ouzbekistan

J’arrive en fin d’après-midi à Denov, la première ville Ouzbek à 40km de la frontière. En Ouzbekistan, les touristes ont l’obligation de se faire enregistrer chaque nuit à l’hôtel. Pour les cyclistes, le gouvernement est un peu plus souple. Un enregistrement tout les 3 jours est suffisant. Lorsqu’on traverse des déserts pendant plusieurs jours, on peut même utiliser ce prétexte pour justifier des enregistrements manquants et échapper à cette mafia entre hôteliers et gouvernement. La police est généralement compréhensive.

Je m’arrête donc en face d’un hôtel et j’hésite à camper, aller frapper aux portes ou aller à l’hôtel. Quelques instants plus tard, un jeune ouzbek m’interpelle et se présente comme un guide gratuit pour cyclovoyageurs. Je ne suis pas le premier cyclovoyageur à passer par là, il n’y a que deux postes frontières entre le Tajikistan et l’Ouzbekistan. Il me propose de venir diner et passer la nuit chez sa famille et demain nous irons ensemble pour changer mes dollars en monnaie locale (Sum). J’accepte avec grand plaisir et mon premier dîner est excellent et la famille très sympathique même si les femmes de la maison restent le plus souvent cachées jusqu’à manger séparément.

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Le lendemain matin, je prépare mon vélo et accompagne Asomidin au bazarre pour changer mes dollars. La particularité de l’Ouzbekistan est qu’il y a une différence énorme entre le taux officiel et le taux officieux. Seul les touristes fraîchement débarqué de leur avion vont à la banque pour changer leurs dollars… Et encore… En changeant son argent au marché noir en allant au bazar, on obtient presque 3 fois plus de Sum pour le même nombre de dollars. Incroyable mais vrai. Et du fait d’une surinflation, la monnaie de vaut rien. En changeant seulement 50USD, je suis reparti avec ma sacoche de vélo pleine de billets de banque.

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Samarcande, trésor sur la Route de la Soie

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Après quelques jours de vélo à travers déserts et montagnes et les derniers 100 kilomètres faits en camion, me voilà arrivé en périphérie de
Samarcande. Il fait nuit et la soirée est déjà bien avancé. Je peux continuer dans le centre ville jusqu’à ma guesthouse mais rien ne m’oblige à dormir en guesthouse puisque j’ai déjà dormi en guesthouse la veille. Le camion m’a déposé en face d’un restaurant et je décide d’y dîner. Le patron est très sympathique et il s’assoit  ma table pendant que je mange. J’en profite pour lui demander si je peux dormir sur la terrasse du restaurant. Il n’hésite pas une seconde comme s’il attendait cette question et que c’était tout à fait naturel. Après avoir fermé son restaurant, il sort même une paillasse à côté de mon matelas gonflable et de mon vélo pour ne pas me laisser camper seul à l’extérieur. Encore un bel exemple d’hospitalité. Le lendemain matin, des policiers de passage m’offrent le petit déjeuner puis je reprends le vélo jusqu’au centre ville.

En arrivant à la guesthouse à 7h30, on m’offre un second petit déjeuner délicieux ! Je rencontre des voyageurs français : deux bretons en 4×4, des cyclistes et des backpackers.

L’après-midi je pars visiter la ville. Absolument magnifique par ses mosquées, médersas, mausolées et cimetières vieux de plus de 600 ans pour la plupart !

Cimetière et mausolées

En route pour Boukhara

Vous connaissez l’optimisation fiscale ? Beaucoup plus noble : l’optimisation hotelière. Elle consiste à séjourner deux jours pleins à l’hôtel en ne payant qu’une seule nuit ! Je suis arrivé à l’hôtel le samedi matin et reparti le dimanche soir… à 22h30 ! J’ai pu profiter d’un pieds à terre pendant deux jours pleins en ne payant qu’une nuit. Mes amis de l’hôtel étaient très surpris que je quitte l’hôtel aussi tard alors qu’il fait déjà nuit depuis 3 heures. Ils pensent que je suis courageux ou fou et s’imaginent que je vais faire une nuit blanche à pédaler sur mon vélo… Mais quel manque d’esprit d’aventure et d’optimiste. Evidemment je ne sais pas où je vais dormir mais je suis certain que je ne vais pas avoir à pédaler longtemps avant de trouver un endroit où camper gratuitement.

Et je ne me suis pas trompé. Je ne suis pas encore sorti de la ville qu’une voiture ralenti et essaye de me parler. Je ne comprends pas et décide continuer sans m’arrêter pour ne pas perdre de temps. La voiture me double et s’arrête quelques mètres devant moi. La femme au volant me fait comprendre que je dois la suivre jusqu’à sa maison pour la nuit. Et voilà ! La magie du voyage a encore opéré !

Me voilà accueilli comme un fils dans la famille. La grand-mère en fauteuil me fait signe d’approcher, me prend la tête dans ses mains et m’embrasse sur le front comme pour me bénir. Je fais définitivement parti de la famille.

Je suis invité à prendre une nouvelle douche et à re-manger ! J’accepte évidement les deux propositions avec plaisir. Les voisins sont invités et même si la communication est compliquée du fait qu’ils ne parlent pas anglais à l’exception d’une voisine, je me sens très bien dans cette famille. Je dois cependant les quitter le lendemain matin après avoir fait le plein de colories.

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La route entre Samarkand et Boukhara est plate et en bon état. J’avance vite et facilement. Vers 1h je cherche à remplir mes bouteilles d’eau et éventuellement trouver un magasin pour acheter quelque chose à manger. Une femme m’aperçoit et me prend les bouteilles des mains en m’indiquant de la suivre. Ca m’embête un peu parce que je dois traverser la 4 voies et passer la barrière centrale avec mon vélo. Je finis par arriver à sa ferme et non seulement elle me remplie mes bouteilles au puits mais elle me prépare un déjeuner ! Un cycliste a toujours faim et d’autant plus à l’heure du déjeuner. Je suis donc très heureux de cette rencontre improvisée. Après avoir bien mangé je m’allonge et commence une sieste à l’ombre de raisins grimpants…. Mais 30min plus tard c’est les voisins qui viennent me réveiller et m’invite à manger chez eux. J’essaye de refuser mais n’insiste pas trop car il serait malvenue de refuser une invitation. Je fais quelques mètres jusqu’à la maison du voisin et tombe de sommeil en attendant la nourriture. Ils me réveillent une seconde fois et mettent en face de moi un énorme plat de Polov. Je ne vois pas trop comment je vais pouvoir faire semblant de manger mais je fait de mon mieux… Je fais une sieste une troisième sieste de presque deux heures avant de reprendre la route. Malgré cette longue pause, j’arrive à faire 120km dans la journée.

Le soir, je cherche un endroit où dormir. Au bout de la deuxième tentative, je suis invité dans une famille. On m’offre à  manger, je peux prendre ma douche grâce à une citerne au fond du jardin et je dors avec le reste des hommes de la famille sur l’estrade qui sert aussi à prendre le thé et à manger. Mes hôtes étales des matelas et des couvertures en prévision de la nuit fraîche.

Le lendemain je rencontre un cycliste belge qui fait la route dans le sens inverse du mien. On discute un moment avant de reprendre la route. Le soir je dors en périphérie de Boukhara, encore accueilli dans une famille et j’arrive le lendemain matin à Boukhara. Je suis attendu par Rakhima, mon hôte warmshower (Hébergement bénévole pour cyclovoyageurs). Je dépose mes affaires chez mon hôte mais je ne vais pas pouvoir rester dormir chez elle car je n’ai pas eu d’enregistrement à l’hôtel depuis plus de 3 jours, donc je dois me dormir à l’hôtel ce soir et me faire enregistrer.

A la découverte de Boukhara

Boukhara n’a rien a envier à Samarcande. A Samarcande, les monuments sont magnifiques mais dans un environnement assez moderne. A Boukhara, les monuments sont tout aussi extraordinaires mais la ville est également historique. Il y a un grand centre historique constitué de petite ruelles étroites dans lesquelles il est très facile de se perdre.

[Internet trop lent pour uploader les photos]

Cap vers le Nord de l’Ouzbekistan, direction Kazakhstan

Etant donné que je ne peux pas rejoindre l’Iran en traversant le Turkmenistan (visa rejeté), il me reste près de 1500km pour atteindre le Kazakhstan en 8 jours avant l’expiration de mon visa. La seule solution est donc de prendre un train. Avec l’aide de Rakhima, j’essaye de réserver un billet de train en direction du Kazakhstan. Devant le seul guichet ouvert, une trentaine de personnes crient et tentent de donner à l’employée leurs liassent de billets avec leur destination et date écrits sur un papier. Ce guichet est une véritable foire… Au bout d’un moment j’arrive à me faufiler mais l’employée me fait comprendre que le dernier billet de train a été vendu il y a trois semaines. Le train que je souhaitais prendre va jusqu’à Moscou et fin août ,tous les étudiants Ouzbek le prennent pour la rentrée universitaire en Russie.

Il ne me reste pas 36 solutions pour quitter le territoire avant que mon visa expire. Je peux prendre le bus ou tenter du camion stop. J’opte pour la deuxième solution, c’est l’occasion de m’offrir un nouveau challenge !

En camion !

Je pédale donc jusqu’à l’entrée de l’autoroute en périphérie de la ville fais signe au camion de s’arrêter. Au bout de 10min un camion s’arrête mais il ne m’amènera que 30km plus loin. Je dois de nouveau patienter et tenter d’arrêter un autre camion. Un petit attroupement se forme autour de moi et certains arrêtent des taxis pour moi. Ils m’expliquent que le seul moyen d’arriver à la frontière est de prendre un taxi ou un bus. Ils ne comprennent pas pourquoi l’argent est un obstacle. Pour eux, tous les européens ont les poches remplies de dollars. Tour à tour, ils m’expliquent que personne ne m’amènera gratuitement. Ils commencent à me taper sur les nerfs et le soleil de plomb n’arrange rien. Heureusement au bout de 40min environ, un poids lourd s’arrête. En voyant mon vélo et tous les bagages, le chauffeur ne sait pas trop comment s’y prendre pour faire rentrer l’ensemble dans les coffres. Finalement après quelques tours de tournevis pour tourner le guidon, tous rentre dans un coffre sous la remorque. Nous reprenons la route et ferons environ 600km dans la journée. La route est assez bonne et permet de rouler vite la plupart du temps. La route traverse un grand désert mais le soir nous nous arrêtons dans un restaurant pour chauffeurs de poids lourd. Je dors à l’extérieur sur une banquette et le chauffeur dans sa cabine.

Le lendemain matin, le chauffeur me fait comprendre que je ne peux pas continuer avec lui car il prend une route différente de la mienne. La vérité est probablement ailleurs car je sais qu’il va en Russie en passant par le Kazakhstan et il n’y a qu’une seule route. Peut-être qu’il ne souhaitait pas passer la frontière avec moi et mes bagages dans son camion? Heureusement, Kurgrad, la prochaine ville est à seulement 80km de là, soit une petite journée de vélo. De là, je prends le train jusqu’à Beyneu au Kazakhstan.

Ambiance dans le train :

Suivre Pierre-Ad:

Pierre-Adrien Mongin est un jeune diplômé de Montpellier Business School. Il a décidé de consacrer une année de sa vie pour découvrir le monde et ses habitants à vélo. Parti de Bangkok en février 2016, il a rejoint Paris à vélo ler 1er Avril 2017 ! Un voyage merveilleux au fil des rencontres... Il est maintenant à la recherche d'une mission dans le marketing en tant que chef de produit ou chef de projet marketing digital. Aidez-le à continuer son rêve !

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