6/09/2016 – Je débarque en Azerbaijan après deux jours de traversée en ferry de la Mer Caspienne. L’Azerbaijan est la dernière étape avant l’Iran. Mon visa de transite me permet de rester 5 jours en Azerbaijan. C’est plus qu’il ne faut pour parcourir les 350km qui me séparent de la frontière iranienne !
Déception à l’arrivée
Le ferry était supposé déposer ses deux passagers (moi et un autostoppeur français) au port de Bakou, capitale de l’Azerbaijan. J’avais entendu beaucoup de bien sur cette ville souvent considérée comme la limite entre l’Europe et l’Asie. Le vieux centre ressemble beaucoup aux centres historiques européens. Les rues sont pavées et étroites et l’architecture, européenne. Malheureusement après que le ferry ait jeté l’encre plusieurs heures au large du port de Bakou, il prend de nouveau le large en direction de l’Ouest. Il nous débarquera finalement à 80km de Bakou. Je n’aurai donc pas l’occasion de visiter la capitale Azeri puisque elle est située à l’opposé de ma destination.
Un air d’Europe
Malgré le fait que je ne puisse pas visiter Bakou, je sens tout de même un air d’Europe. Sur les routes circulent encore les vieux camions Kamaz russes, vestige de l’ancien bloc soviétique. Mais nouveauté : la moitié des voitures qui me doublent sont des voitures françaises toutes neuves. Je pourrais presque me croire en France. C’est la première fois que j’ai ce sentiment depuis mon départ de Thailande. Le pays semble assez riche. Sur le bord de la route, les stations services et restaurants sont tous neufs et très moderne. Grande rupture par rapport à l’Asie Centrale !
Cadeau de bienvenue
En arrivant en Azerbaijan, j’avais retiré l’équivalent de 10€. Mon budget nourriture pour 3-4 jours en Azerbaijan. Mon compagnon de traversée est surpris que je retire aussi peu. En réalité, je n’en aurai même pas besoin.
3km après avoir commencé à pédaler dans le pays, je me fais klaxonner par une vieille voiture qui me double et s’arrête quelques mètres plus loin. Le conducteur en descend et tout en silence ouvre son coffre et les portières. Il commence à charger des sacs entiers de légumes : concombres, tomates, fruits… J’essaye de lui faire comprendre que je ne suis qu’un simple cycliste, pas un chauffeur de poids lourds… et que par conséquent mon vélo ne supportera pas les 20kg de fruits et légumes qu’il s’apprête à lui confier. Après avoir rempli 3 sacs, il me les offre tout en silence. Je le remercie en russe sans trop savoir si les azeri parlent russe comme la plupart des anciens de l’URSS. Il semble comprendre mes remerciements et reprend la route. Je fais de même avec ma mule.
Cette nourriture me suffira pour les 4 prochains jours accompagnée de pains offerts sur la route me suffira pour ma traversée du pays.
Pluie torrentielle
C’est mon premier jour en Azerbaijan et je suis accueilli par une pluie torrentielle quelques heures après avoir commencé à pédaler. Je m’équipe de ma combinaison de pluie. Rien ne m’arrête. Au bout d’une heure sous la pluie, une camionnette s’arrête et me fait signe de charger mon vélo à l’arrière. Le passager était en train de filmer la pluie avec son téléphone lorsque mon vélo est apparu dans son petit écran. Il m’explique que ça faisait longtemps qu’ils n’avaient pas eu de pluie aussi forte. Quel honneur pour mon arrivée !
La camionnette me dépose 60km plus loin. La pluie s’est arrêtée mais la route est devenue très mauvaise, très étroite et camions et voitures roulent très vite sans aucune idée des risques qu’ils prennent pour eux et pour moi en particulier.
Première nuit à la ferme
La nuit commence à tomber. Je quitte la route et me dirige vers une grosse ferme en retrait de la route. Le chemin et la ferme sont infestés de milliers de moustiques. Cela m’était déjà arrivé au Kazakhstan. Je ne peux pas rester. Je ne pose même pas pieds à terre, je repars immédiatement vers la route. Quelques mètres plus loin le long de la route, je vois une ferme avec une famille qui s’occupe de rentrer les animaux. Je me dirige vers eux et leur demande si je peux camper devant leur maison. Évidement, ils me proposent de camper dans le garage et m’apportent du thé et du pain à manger avec mes légumes.
Un air de Vietnam
Le lendemain je reprends la route après avoir remercié ma famille d’accueil. La route est toujours dangereuse et stressante. Je dois continuellement surveiller mon rétroviseur et me tenir prêt à sauter sur le bas de côté si un camion me fonce dessus. J’arrive malgré tout à contempler les paysages et m’aperçois que le vert et les montagnes rappellent les paysages vietnamiens. Étonnant !
Du pain… et du vin?
Je m’arrête à une station service en quête de wifi pour compter mes likes sur facebook. Les pompistes désœuvrés s’attroupent rapidement autour de moi et commencent à me poser les questions habituelles. D’où je viens, où je vais? Wow la Thailande, c’est si loin ! Alors vient la question de l’argent. Combien de millions d’euros j’ai dépensé depuis le début de mon voyage. Je suis européen, ils s’imaginent forcément que je dors tous les soirs dans des hôtels 4 étoiles et que je vais au restaurant 3 fois par jour. Je leur explique que je dors sous tente, et que je vais rarement au restaurant depuis que le repas dépasse le 1$. J’ajoute que mon budget quotidien est de 3$. Peut-être qu’ils se sont sentis soudainement riches ? Ou peut-être qu’ils voulaient simplement contribuer à mes tours de pédales ? Ils m’apportent 2 pains. Voilà de quoi accompagner mes salades de légumes !
Rencontre inattendue sur la route
Plus tard, alors que je m’apprête à chercher une ferme où passer la nuit, j’aperçois au loin un cycliste allant dans le sens inverse en provenance d’Iran. Nous nous arrêtons pour discuter et d’autres voitures s’arrêtent également à côté de nous. Leurs passagers curieux en descendent et cherchent également à communiquer avec nous mais aucun ne parlent anglais. Nous les ignorons involontairement car lorsque deux cyclistes se rencontres ils ont toujours des dizaines d’histoires et de conseils à échanger !
Wild camping
Nous décidons finalement d’aller prendre une bière dans un restaurant de plein air sur le bord de la route. Cela faisait plus d’un mois que le cycliste japonais n’avait pas bu de bière puisque l’alcool est interdit en Iran. Bonheur! Après la bière, nous traversons la route pour préparer notre campement dans un champs immense et absolument parfait pour camper.
Le japonais monte sa tente. Je veux économiser mon temps et me préparer à dormir à la belle sans ma tente. Quel magnifique plafond de milles étoiles !
Au menu du soir, rien d’original, des pâtes. Iraniennes pour le japonais et Kazakh pour les miennes. Évidement nos pâtes sont agrémentées d’une bonne salade de légumes ! Il m’en reste encore plusieurs kilos !
Le lendemain matin, nous nous séparons. Le cycliste japonais se dirige vers la Géorgie puis la Turquie. J’envisage de le rejoindre en Turquie après ma traversée de l’Iran mais il arrivera bien plus vite que moi en Turquie. Nous ne pourrons malheureusement pas pédaler ensemble.
Astara, ville frontalière avec l’Iran
Le troisième jour, je suis déjà à la frontière iranienne. Je pensais avoir trouvé un hôte couchsurfing pour passer la nuit dans la ville mais il s’avère qu’il est dans la partie iranienne de la ville et que le poste frontière est déjà fermé. Je demande à plusieurs personnes si je peux camper dans leur jardin mais cela semble leur poser problème.
Je demande finalement l’autorisation de camper à côté d’un restaurant mais le terrain est très humide et on me conseille d’aller un peu plus loin. Je suis déçu de ce mauvais accueil dans la ville. Je ne comprends pas que personne ne m’accueille chez lui ou au pire m’ouvre son jardin… Le lendemain matin, le patron du restaurant m’offre le petit déjeuner. Il s’est peut-être rendu compte que le manque d’accueil de la veille m’avait mis de mauvaise humeur.
Camping dans le centre ville d’Astara
Le patron du restaurant m’offre un petit déjeuner le matin.
Avant d’entrer en Iran, je profite une première et dernière fois de la plage. Je sais qu’en Iran, je ne pourrai pas me baigner en maillot de bain en public aussi facilement. L’eau est chaude et la plage pas trop sale.
En fin de matinée, je passe la frontière sans encombres. L’officier Azeri est très scrupuleux. Il hésite longuement à tamponner mon timbre de sortie sur mon passeport. Après 15 min à pianoter sur son ordinateur, à passer des coups de fil et à scruter mon passeport, il s’est finalement résigné à accepter que mon passeport n’était probablement pas falsifié. La douane iranienne me demande quel est mon plan de route en Iran puis me tamponne mon visa. Je porte toujours mon short et demande si cela pose problème. Après quelques instants de réflexion, on me dit que ça passe. Je n’ai pas besoin de porter de pantalon lorsque je pédale. Welcome to Iran.
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