Cela fait déjà un mois que j’ai quitté le Kirghizstan mais dans ma course au visa puis au kilomètre pour traverser les frontières avant expiration des visas, je n’ai pas eu le temps d’écrire ces derniers temps. Aujourd’hui, je prends le train pour m’affranchir des 500 derniers kilomètres qui me séparent encore de la frontière Kazakh. Mon visa expire dans deux jours et il n’était pas envisageable de les faire à vélo. Je vous raconte donc mon mois passé au Kirghizstan !
Entrée au Kazakhstan sans encombres en passant par un poste frontière perdu au milieu de nul part et relié à la civilisation par de vieilles pistes caillouteuses et couvertes de nids de poule… #Soldierselfies
Premiers kilomètres dans une nature sauvage et verdoyante
Dès mon entrée au Kirghizstan, je découvre de nouveaux paysages jamais rencontrés jusqu’à présent. Alors qu’au Kazakhstan, la nature était assez désertique, plat et monotone, les paysages Kirghizes sont très verts et couverts de petites (et moins petites!) montagnes. Les couleurs sont magnifiques, le bleu sans nuage du ciel offre un contraste magnifique avec le vert vif des prairies digne des couleurs qu’on peut trouver en France au printemps. De temps en temps, je croise des nomades avec leur roulotte. Ils produisent du miel, ont quelques élevages de moutons mais surtout de chevaux. Les chevaux sont en liberté et galopes à travers champs.
Je pédale sans effort malgré l’absence de route à proprement parler. Seule une vieille piste relie cette région au prochain village situé à une bonne soixantaine de kilomètres de piste caillouteuse. Je suis émerveillé devant la beauté de la nature, les couleurs extraordinaires et ces chevaux qui m’accompagnent au galop.
L’heure de déjeuner approche mais je suis encore loin du premier village et quasi sans argent. Je passe devant un campement de nomades et espère me faire inviter à grignoter un morceau de pain et à me faire offrir du thé. Dans le pire des cas, je pouvais toujours me faire des instant noodles avec du pain mais j’avais donné le matin même la moitié de ma ration à des randonneurs russes en rupture de nourriture depuis une demi journée.
Un nomade me fait signe, j’approche et il m’invite à manger dans sa roulotte. Il m’offre quelques biscuits et morceaux de pain que je trempe dans de la crème de lait et du beurre fait maison. C’est pas mauvais et ma faim est calmée. Malheureusement il me fait comprendre par signe que je dois payer pour chacun des morceaux de pain consommés. Je suis déçu de cette « hospitalité rémunérée » et lui explique que je n’ai pas d’argent. Il est furieux mais la grand-mère rigole. En échange de son hospitalité, je lui propose ma traditionnelle monnaie d’échange : une carte postale du Tibet avec un petit mot qui le fera je l’espère voyager à travers cette région très riche par ses paysages, ses habitants et ses enseignements. Il refuse dans un premier temps la carte mais la grand-mère est ravie et il finit par l’accepter.
Baignades matin et soir !
Pédaler quotidiennement sous un soleil de plomb qui chauffe souvent l’air à plus de 40 degrés n’est pas toujours facile, surtout quand l’eau est rationné et qu’on peut donc abandonner tout espoir de pouvoir se laver le soir. Sur ma carte, j’avais repéré un petit lac à quelques dizaines de kilomètres. Je décide de mettre le cap sur ce lac. Je dois bifurquer au moment même où la piste se transformait en route bitumée. Continuer sur de la piste est donc le prix à payer pour accéder au lac. Les quelques voitures qui passent me noient dans un brouillard de poussière. C’est aussi le prix à payer pour accéder au lac. Le soir j’atteins enfin le lac : magnifique. Il y a même une mini plage d’herbe qui facilite l’accès à la baignade. Un grand-père me voit arriver et m’invite à poser mon vélo sur son terrain où il est en train de construire sa nouvelle maison à quelques pas du lac. Je suis sceptique après mes précédentes mauvaises expériences de l’hospitalité Kazakh et Kirghize mais cette fois je suis tombé chez de bonnes personnes ! Nous allons nous baigner puis je partage le repas de pâtes et poulet ainsi qu’une bolée de djerma (boisson imbuvable à base de germes de blé et probablement lait fermenté). Il parait que le djerma est excellent pour la santé. Tout comme le kumuss (lait de jument fermenté) qui est la boisson nationale Kirghize mais également imbuvable.
Le lendemain matin, je commencerai également la journée par une très agréable baignade dans le calme matinale. Le paradis !
En route pour l’un des plus grands lacs de haute altitude
Je dois quitter ce lac mais c’est uniquement pour me diriger vers un lac encore plus beau et encore plus grand : Issyk Koul ! Je suis dans le train et n’est plus aucun chiffre en tête mais c’est le second lac de haute montagne le plus grand dans le monde. Suffisamment grand pour qu’on ne puisse pas voir les montagnes de l’autre côté du lac. L’eau est salée et la côte est bordée de plages de sable fin. Je suis très pressé d’y arriver. Après une journée et demi de route je fini par apercevoir le lac. Les couleurs sont magnifiques. Le ciel est azur, l’eau turquoise et le pourtour du lac est constitué de sable blanc et de falaises couvertes d’un dégradé allant du jaune à ocre.
La météo n’est pas toujours au beau. Dans l’après-midi ou en début de soirée il y a tous les jours de gros orages accompagnés de vents violents et fortes pluies. Heureusement, cela ne dur jamais plus d’une heure.
Le premier jour autour du lac, je ne résiste pas à la tentation de m’arrêter pic-niquer au bord de l’eau. Dans l’excitation, je pose mon vélo dans des épineux et au moment de repartir après avoir bien mangé et fait quelques brasses, je m’aperçois que mon pneu est crevé. Les crevaisons ne sont généralement pas réjouissantes mais dans mon cas, je ne me plains pas. Crever sur une plage privée, les pieds dans l’eau, c’est ce qu’on pourrait considérer comme une crevaison 4 étoiles dans le guide Michelin.
Camping les pieds dans l’eau autour du lac Issyk koul
Le soir, je dois attendre la fin d’un orage pour monter ma tente sur la plage. C’est visiblement un spot de camping sauvage réputé car il y a plusieurs 4×4 de locaux qui attendent comme moi la fin de la tempête pour installer leur tente et barbecue. Le lendemain matin, des familles russes en vacances au Kirghizstan viennent planter leur parasol à proximité de ma tente. Ils parlent un peu anglais ce qui permet de discuter. Ils partagent avec moi leur pastèque pour m’encourager! Un couple Kirghize vient aussi me saluer et m’offrir les restes (conséquents!) de barbecue… De belles rencontres qui me rendent plus optimiste sur l’accueil et l’hospitalité en Asie Centrale.
Visite des montagnes de sables de Skaska
En route pour Bishkek, de belles rencontres
Bishkek : accueilli par une expat française !
Après 500km de routes dangereuses, étroites et relativement en mauvais état, me voilà arrivé à Bishkek, la capitale du Kirghizstan. Je prévois de rester un certain temps dans la ville d’architecture soviétique sans grand charme. L’objectif n’est pas de faire du tourisme mais de m’ouvrir les portes des prochains pays. Autrement dit, je me prépare à affronter les plus grosses galères administratives de tout mon voyage. Au programme : obtenir les visas Tajik, Ouzbek, Turkmen et Iranien.
Zoé, journaliste saisonnière est pour l’été à Bishkek et répond positivement à ma demande d’hébergement lancé sur les réseaux sociaux d’entraide. J’ai maintenant mon QG en plein centre de Bishkek pour m’atteler à mes demandes de visas. Il m’aura fallu 2 semaines pour obtenir les visas Tajik, Ouzbek et iranien. En revanche, je recevrai ma réponse pour le visa turkmen que début Aout. Je voulais garder le suspens mais je peux vous le dire maintenant : mon visa turkmène a été refusé comme 50-60% des demandes de visas de transit…
Pendant ces deux semaines à Bishkek, je visite, rencontre d’autres cyclistes et backpackers eux aussi en escale visas et retrouve Victor, un ami de Montpellier en roadtrip pour 3 semaines dans les « stan ». C’était une bonne coincidence de se retrouver, pourtant si loin de Montpellier !
Premières expériences couchsurfing et invitation à un trek d’une semaine à travers le Kirghizstan !
Malgré que je sois très gentiment accueilli par Zoé, je dois quitter l’appartement au bout d’une semaine. En effet, la propriétaire n’accepte pas que Zoé héberge des amis à titre gratuit et elle insiste quotidiennement en dissimulant de moins en moins son hostilité pour que je quitte les lieux au plus vite et que je prenne un hôtel. Je dois donc trouver au plus vite un autre hébergement. On me conseille Couchsurfing, le réseau d’hébergement bénévole et malgré mes doutes sur l’efficacité de tente ma chance. Et jackpot, je reçois plein de propositions. Je suis d’abord hébergé par Sanzhar qui m’accompagne notamment au bazzar. J’y achète ma combinaison (pantalon + chemise manches longues) certifiée « Iran islamic dress code ready® ».
Je suis ensuite invité par Taalaibek à l’accompagner lui et son beau frère pour un trek à travers le nord du Kirghizstan. Au programme : trek en 4×4, cheval, nuits en yourtes kirghizes et découverte de la vie de nomade. J’étais déjà un peu short niveau timing puisque la plupart des visas sont de date à date mais pour autant, je ne pouvais pas passer à côté de cette proposition qui m’était offerte !
Je vous raconte la suite dans le prochain épisode sur le Kirghizstan !
Photos teasing… !
Latournerie
Cher Pierre Adrien, je suis une amie de votre mère à Rennes , voici plusieurs mois que nous suivons votre périple avec les enfants ( Côme 16 ans et Sixtine 12 ans). Nous parcourons avec vous l’Asie sur notre poster Atlas et vous mettez en image et en anecdotes des frontières et des pays inconnus jusqu’alors.
Un grand merci de nous offrir le monde, on est avec vous, bonne route!
Anne-Hélène Latournerie